Mercredi 3 Septembre, Jacques Boissenot s’est éteint après des années de
maladie.
Cette nouvelle m’a profondément attristée.
J’ai eu la chance de connaitre
cet œnologue exceptionnel dans les années 80. Il travaillait à l’époque en duo
avec Emilie Peynaud. Du millésime 1984 au millésime 1990, j’ai partagé 7
vendanges avec lui quand j’étais au service des propriétés familiales (Brane-Cantenac,
Durfort-Vivens, Desmirail, La Tour de Bessan, Villegeorge, Duplessis), sous la direction
de mon père. Puis à partir de 1992 jusqu’à 2011 compris, c’est avec lui que
j’ai pu produire les vins que je souhaitais sur les trois propriétés dont
j’avais pris la gérance.
Si mon diplôme d’œnologue, m’avait
enseigné la théorie de la production des vins, c’est grâce à Jacques Boissenot que
j’ai pu en maitriser la pratique : la gestion des fermentations, les
dégustations d’assemblage, mais bien plus encore. C’était un homme discret,
posé, d’une compétence extrême dans son domaine. Sa modestie était à l’égal de
sa générosité, de son désintéressement. Il a choisi de se mettre au service des
terroirs, des propriétés et de rester en retrait de la communication. Laissant
à d’autres le champ libre pour s’exposer aux médias. Ce n’était pas son truc. Il
aimait partager avec simplicité, dans le calme des chais et des salles de dégustation.
Quand il dégustait il était concentré sur les vins, savait les définir en
quelques mots, les assembler pour en magnifier la qualité, trouver l’équilibre
parfait, exprimer les arômes, mettre en valeur le travail de nous tous.
Depuis toujours, il était prudent sur l’extraction des tannins, préférant
la modération des paramètres de macération (température, durée de cuvaison,
remontages) à la sur-extraction prônée par bon nombre de ces conseils ayant
pignon sur rue. La tempérance plutôt que l’outrance, la discrétion plutôt que
la médiatisation, l’humilité et non l’orgueil de ceux qui prétendent tout
savoir ; toutes ces belles qualités qui me parlaient chez lui, se retrouvent chez
son fils Eric qui a pris avec exigence le relais de son père. Depuis 2012, il
nous accompagne avec compétence et gentillesse.
Jacques Boissenot sera toujours présent dans ma mémoire avec son sourire
toujours amical, sa présence fidèle et rassurante qui m’a permis d’apprendre
mon métier et de produire une trentaine de millésimes avec son aide précieuse.
Mes amicales pensées vont vers sa famille.
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