Les températures sont très douces, dès le matin il fait 16°C et en milieu
d’après midi, on atteint 23°C. Le temps reste sec et ensoleillé toute la
journée, ce sont des conditions idéales pour vendanger.
Notre troupe se déplace à Soussans pour ramasser une belle parcelle de
Merlot qui a plus de 40 ans. Les raisins sont sains, quelques grappes échaudées
(abimées par le soleil) sont éliminées par les mains expertes de nos trieurs et
trieuses (Sandrine, Elisabeth, Alexandre) aidés des chauffeurs de tracteurs
(Daniel et Jean-Claude). Le pas des porteurs se fait plus lent au fur et à
mesure de la semaine; certains ont abandonné, victimes de mal au dos. La hotte
pleine de raisins peut atteindre 50 kg sur les parcelles les plus fournies.
Ensuite, en fin de matinée, tout le monde se dirige vers Avensan pour
entamer la récolte de la Vieille Vigne de Merlot qui est une des meilleures
parcelles de Villegeorge.
Au total, ce sera près de 3 ha qui auront été vendangés dans la journée. Un
record pour notre équipe.
Dans les chais, les premières cuves sont pleines de promesses : couleur
profonde dès le deuxième jour de cuvaison, arômes de cassis et de framboise,
les tannins se perçoivent à peine derrière la sucrosité des moûts.
Eric Boissenot, le fils de Jacques, a pris la relève cette année. Il est
passé hier à l’improviste discuter des stratégies de vinification : il a
approuvé nos choix de privilégier l’extraction en douceur (pas trop de
remontages, éviter les températures élevées pendant la macération). Samedi
matin à 8h30, il sera là pour goûter les premières cuves; c’est un moment
toujours passionnant de voir peu à peu émerger les qualités et les spécificités
d’un millésime. Son père continue fidèlement à nous suivre dans nos assemblages
avec l’Hotel Fouquet’s Barrière.
Emilie a préparé le programme de ramassage pour les jours à venir; il est
cohérent et sera adapté aux conditions climatiques ainsi qu’à la vitesse de
ramassage. Je dois partir au Japon lundi prochain et lui laisse les commandes.
Je ne suis pas inquiète car je connais ses compétences. Cela fait déjà la quatorzième
récolte que nous réalisons ensemble, notre équipe la respecte et soutiendra son
action sans discussion.
Je ressens juste une pointe de frustration à l’idée de faire une parenthèse
dans l’élaboration de ce millésime prometteur, mais le devoir m’appelle et je
sais qu’un accueil chaleureux me sera réservé chez nos fidèles importateurs
nippons.